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J’ai fait part dans un précédent article de ma conviction qu’une démarche sérieuse d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments devait s’accompagner de la mise en place d’un suivi fiable et efficace desdites consommations.
Après avoir évoqué le « pourquoi » d’un tel suivi, ce qui suit a pour ambition de traiter du « comment » et des méthodes disponibles pour suivre les consommations énergétiques.

 

Retour d’expérience…

J’ai eu la chance dans une vie antérieure d’exercer des responsabilités dans une société de gestion de fonds immobilier. Dans le champ de mes missions figurait le « développement durable ». Parmi d’autres sujets, je me suis ainsi attaché à mettre en place un processus de collecte annuelle des consommations énergétiques du parc immobilier géré. Ceci afin :

  • de mesurer la performance énergétique des bâtiments,
  • de l’améliorer,
  • et de reporter aux parties prenantes de plus en plus nombreuses à réclamer cette information (investisseurs, organismes de labellisation, locataires…).

Après 3 ans de laborieux efforts, je dois humblement avouer que j’ai échoué à produire quelque chose de pertinent. Les données dont je disposais n’étaient ni fiables, ni homogènes, ni exhaustives. Et donc difficilement exploitables.

Pourquoi ? D’abord parce que j’ai sous-estimé la complexité de la tâche et que je n’y ai pas consacré les moyens humains, techniques et financiers suffisants. Mais surtout parce que j’ai commis l’erreur de croire que l’information était disponible -et qu’il n’y avait qu’à organiser sa compilation et son traitement.

Cette erreur m’a valu quelques crispations et incompréhensions avec les équipes d’asset management, des tensions avec les gestionnaires des immeubles et un bon mal de crâne au moment de compiler et synthétiser les données partielles et imprécises finalement recueillies.

Fort de cette expérience j’ai constaté que :

1)    la donnée de la consommation énergétique n’est pas aisément accessible. Elle est aux mains de différents acteurs (Property Managers, Facility Managers, locataires, fournisseurs d’énergie, etc.). Et il est complexe et chronophage de mobiliser,

2)   il est difficile d’obtenir des données homogènes et exhaustives sur la base des factures.

Et surtout, j’ai acquis la conviction que l’enjeu du suivi des consommations énergétiques se situait moins au niveau du traitement de la donnée que de sa collecte.

 

Les méthodes de collecte

Deux grandes familles de méthodes permettent de collecter les données énergétiques :

  • les méthodes manuelles « a posteriori »
  • les méthodes automatiques « en temps réel »

La première famille de méthodes repose sur l’exploitation de documents et outils existants (factures, portail internet des fournisseurs d’énergie, compteurs, etc.). Le travail est manuel, administratif et organisationnel. Les résultats obtenus sont partiels et approximatifs (comme illustré dans le retour d’expérience ci-dessus). Les données ne sont disponibles qu’a posteriori (en général l’année suivante).

Les méthodes automatiques se développent quant à elles  depuis quelques années. Elles sont favorisées par l’émergence des nouvelles technologies (réseaux bas débit, internet des objets, capteurs, etc.). Ces méthodes permettent de collecter la donnée directement à la source, sans intervention humaine. En plus d’être beaucoup moins chronophages et consommatrices de temps homme, elles permettent d’obtenir des données exhaustives, fiables et homogènes. Elles assurent une disponibilité de la donnée en temps réel.

Au final, on peut distinguer 5 méthodes principales de collecte : 

1. La collecte des factures

La méthode « basique » de suivi des consommations énergétiques repose sur la collecte des factures des parties communes et privatives. Ma petite expérience m’a montré que cette méthode atteignait rapidement ses limites dès lors qu’il s’agit d’un parc multi-site et multi-locataire. Récupérer les factures des locataires (parties privatives) est un travail laborieux, chronophage, « anti-commercial » (il est toujours délicat d’embêter son client) et partiel (de mon expérience obtenir 50% des factures privatives est déjà un exploit). Collecter les factures des parties communes est normalement plus aisé. Mais elle peut aussi s’avérer complexe lorsque la gestion des immeubles est sous-traitée auprès de property et/ou facility managers. Pour être exploitées, les données de consommation doivent ensuite être saisies dans un logiciel ou un tableur (avec les risques d’erreur inhérents à tout processus de saisie). 

2. La collecte automatisée des données auprès des fournisseurs d’énergie

Afin de rendre moins fastidieuse la collecte et la numérisation des factures, il existe des solutions logicielles permettant de récupérer directement les données de facturation auprès des fournisseurs. Cette solution présente l’avantage d’automatiser la collecte des données.
Le principal écueil est la lourdeur du processus administratif de mise en place. En effet, cette méthode nécessite de récupérer des autorisations d’accès auprès de toutes les entités ayant souscrit les abonnements énergétiques (notamment les locataires).
Cette méthode ne garantit pas une homogénéité de la fréquence des données, celle-ci dépendant des abonnements souscrits. 

3. Le relevé manuel des compteurs

Je ne m’étendrai pas sur cette méthode qui nécessite une organisation « militaire » et mobilise beaucoup de ressources humaines. 

4. La collecte automatique via des équipements « filaires »

Il est possible d’automatiser la relève des consommations grâce à des équipements filaires. Les solutions proposées par les grands acteurs du domaine reposent généralement sur la mise en place d’une Gestion Technique du Bâtiment (GTB). La GTB centralise les données des compteurs sur une même plateforme et permet également de piloter les équipements de l’immeuble. Ces solutions nécessitent des investissements onéreux et des travaux conséquents dans l’immeuble. 

5. La collecte automatique via des équipements « sans-fils »

C’est pour moi, et de loin, la solution qui répond le mieux aux objectifs recherchés.
Contrairement à la solution filaire, la solution sans-fils est simple à installer et peu intrusive : l’équipement d’un immeuble de taille moyenne se fait en une demi-journée. Cette solution repose sur des capteurs sans fils installés directement sur les compteurs énergétiques (et eau) des immeubles. Les capteurs collectent et envoient les données de consommation sur une plateforme dédiée.
En plus d’être facile et rapide à mettre en place, elle assure une exhaustivité, homogénéité et fiabilité des données. La disponibilité des données en temps réel permet par ailleurs la détection d’anomalies et l’optimisation des consommations énergétiques.

 

Avantages et limites des 5 méthodes

J’ai comparé dans un tableau synthétique ce qui me semblait être les avantages et limites des 5 méthodes évoquées ci-dessus :  

Quelle méthode choisir ?

Une fois que l’on a dit tout cela, la question est : quelle méthode choisir ?
La réponse dépend bien sûr de l’objectif recherché et de la nature du patrimoine immobilier concerné.

Si l’on parle d’un parc immobilier restreint avec des immeubles mono-locataire, la méthode des factures est probablement suffisante bien qu’elle ne permette de disposer que de données annuelles et a posteriori.

Dès lors que l’on est sur un parc multi-site et multi-locataire, je suis convaincu que la méthode qui apporte à la fois une réponse pérenne et une vrai valeur ajoutée est celle des équipements « sans fils ».

En ce qui me concerne j’ai immédiatement été convaincu par ce type de solutions lorsque Julien Bruneau, co-fondateur de la société iQspot, m’a présenté l’outil qu’ils avaient développé. Et j’ai accepté avec enthousiasme de rejoindre l’aventure il y a un peu plus d’un an de cela.

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